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La main ouverte, le blog de  l'accompagnement spirituel

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Je suis Cela (Par Dennis Genpo Merzel Roshi*)

Je suis Cela

Par Dennis Genpo Merzel Roshi
(En: 'Au Coeur du Chan', JC Lattèf, 1997, pages 107 - 109)


Quelle est la vraie réalisation ? " Je suis cela. Je suis la Voie. " Voilà ce que nous réalisons tous lorsque nous nous asseyons et que nous pratiquons de toutes nos forces : " Je suis la Vérité. Je suis le Dharma. Je suis le Bouddha. " Ceci est la première vraie ouverture, être enfin capable d’admettre cela. Jusqu’à ce stade, nous pouvons l’entendre et le réentendre mille fois, mais nous ne pouvons pas le digérer, nous ne pouvons même pas l’avaler. D’une manière ou d’une autre, nous avons une si mauvaise opinion de nous-mêmes, nous manquons tellement de confiance en nous, que nous ne pouvons pas réellement l’assimiler. Nous pensons que le Bouddha est quelqu’un d’autre, que le maître est quelqu’un d’autre que nous-mêmes. Cette première ouverture, ce que nous appelons un kensho, consiste à voir à l’intérieur de notre nature et à être capable d’affirmer : " Je suis cela. " Il n’y a plus de séparation d’avec la totalité : c’est cela. Cette expérience est complètement différente d’une conception mentale qu’on pourrait avoir de ce que le bouddha est ou de ce que mu est. Ce corps et cet esprit mêmes sont mu !

Dès le moment où nous passons par cette transformation, nous commençons à accepter que nous sommes responsables de nous-mêmes. Jusqu’à ce stade nous pouvons rejeter la responsabilité sur les autres. Nous pouvons dire que si notre vie est ce qu’elle est, c’est de la faute de Dieu, du monde, de nos parents, de notre mari, de notre femme, de notre directeur, de n’importe qui et de tout le monde. La vérité est que personne ne nous a rien fait. Si nous réalisons cela, nous devenons entièrement responsables dans toutes les situations et nous acceptons notre vie comme étant cela. Nous sommes alors le maître.

Le mot bouddha veut dire Celui qui a atteint l’Eveil. S’éveiller à notre vraie nature, c’est être le bouddha. Qu’est-ce que cela veut dire ? Qu’est-ce que vous réalisez à travers toute cette quête, ces recherches, ces efforts et cette détermination ? Que découvrez-vous ? Absolument rien ! Nous cherchons tous à atteindre quelque chose, pour finalement trouver que dès le départ il n’y avait rien à atteindre. Il y a un koan où un bouddha était resté assis pendant dix mille éons sans jamais atteindre le Dharma. Un bouddha qui pratique si longtemps et qui n’est toujours pas illuminé ? Pourquoi ? Parce qu’il est un bouddha non-accompli. Comment est-ce qu’une personne éveillée peut s’éveiller ? Cet état de rêve et d’illusion, cet état d’ignorance dans lequel nous sommes, est l’état d’éveil ! Il n’y a pas d’autre état, pas d’autre rive, et rien d’autre à réaliser.

Mais alors pourquoi tout cet acharnement et toutes ces recherches ? Où essayons-nous d’aller ? Nous ne pouvons pas séparer l’illusion et l’illumination, l’ignorance et la réalisation, le samsara et le nirvana. Ce monde samsarique est cela ! Le problème c’est que nous ne pouvons pas l’accepter. Nous tenons à nos préférences et c’est là que se trouve la cause de nos souffrances. Mettez donc simplement fin à la pensée conceptuelle ! Comment ? Faites zazen ! Pratiquant quoi ? La non-pensée. Qu’est-ce que la non-pensée ? Soyez simplement assis et ne pensez pas. Comment peut-on être assis et ne pas penser ? Ne faites aucun effort pour penser.

Il est naturel d’avoir des pensées, mais l’action de penser demande un effort. Dans l’état le plus naturel, il y a la non-pensée. Que voulons-nous dire par la non-pensée ? Permettre simplement aux pensées de monter dans l’esprit comme des bulles et puis les laisser partir, voilà la non-pensée. La non-pensée est ce qui va au-delà de l’alternative pensées ou pas de pensées : ce n’est ni un esprit vide ni un esprit occupé. Lorsqu’on laisse son esprit naturellement en repos, il n’y a pas de problème. Nous créons seulement un problème si nous n’aimons pas les pensées qui surgissent spontanément et si nous voulons nous en débarasser. A ce moment-là, nos pensées persistent d’autant plus.

 

*Genpo Rôshi, ou Dennis Merzel, est né à Brooklyn (New York). Il passe son enfance en Californie, où il devient nageur olympique et champion de water-polo. Il obtient un Master de l’Université de Californie du Sud. Il devient maître-nageur et enseignant avant d’être ordonné moine zen en 1973 par son maître Zen, Taizan Maezumi.

En 1980, il devient le deuxième successeur dans le Dharma de Taizan Maezumi Rôshi et commence, en 1982, à enseigner en Europe.
Il est le fondateur de l’Association internationale Kanzeon (Compassion) Sangha, dont le siège est à Salt Lake City (Utah) et dont les centres affiliés sont situés en France, aux Pays-Bas, en Pologne, en Belgique, en Allemagne, en Angleterre et à Malte.

En 1996, il reçoit l’Inka (Maître Zen) de Bernie Glassman Rôshi, devenant ainsi l’un des rares occidentaux reconnus comme maîtres dans les deux traditions du Zen: Sôtô et Rinzai.

Il a été pendant dix ans président de White Plum Asangha, la communauté internationale réunissant les successeurs dans le Dharma de Maezumi Rôshi. Il a lui-même donné la transmission du Dharma à 14 successeurs

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